Comment savoir si je suis allergique à la pénicilline

Après un traitement par antibiotique, certaines personnes voient apparaître des plaques ou des boutons sur leur peau et, du coup, pensent être allergiques. « Huit fois sur dix, c’est faux » affirme le Pr Pascal Demoly, pneumo-allergologue au CHU de Montpellier. « L’éruption cutanée est souvent liée à l’infection elle-même et non pas au médicament », rappelle-t-il.

Les véritables allergies aux antibiotiques restent rares. Parmi les cas suspects, seuls 17 % des adultes et 9 % des enfants sont confirmés par des tests allergologiques. 

Le diagnostic se base en premier lieu sur un test cutané. En pratique, un extrait de l’antibiotique soupçonné est déposé sur la peau du patient. Si celle-ci réagit, l’allergie est confirmée. 

Si le test reste négatif, l’hypothèse d’une allergie n’est pas écartée pour autant. Un deuxième test, dit «de provocation», est pratiqué. L’extrait d’antibiotique est, alors, absorbé par voie orale, par paliers progressifs, sous surveillance hospitalière.

« Les deux tiers des personnes allergiques aux antibiotiques réagissent au test cutané, un tiers au test de provocation. C’est pourquoi pour établir un diagnostic, il faut pratiquer les deux tests, dans cet ordre », précise le Pr Demoly.

L’allergologue conseille à toute personne pensant être allergique à un antibiotique de lever le doute en pratiquant ces tests. Il suffit, pour cela, de s’adresser à son médecin traitant ou à un allergologue libéral. Celui-ci pourra orienter vers une unité hospitalière spécialisée. « Il est important de vérifier que la personne est réellement allergique à un antibiotique car les solutions alternatives sont parfois plus toxiques et peuvent induire des résistances », souligne-t-il.

Les pénicillines (amoxicilline…) en tête de liste des allergies

Parmi les antibiotiques potentiellement allergisants, la famille des pénicillines (amoxicilline, Clamoxyl, Augmentin…) arrive en tête, suivie des quinolones (ciprofloxacine, Ciflox, lévofloxacine…). L’allergie aux macrolides (dont l’azithromycine testée actuellement contre le Covid-19) est plus rare. Lorsqu’on est allergique à l’un de ces produits, il est exceptionnel d’être allergique à l’ensemble de la famille. 

Une réaction allergique immédiate ou retardée

La réaction allergique peut se produire dans l’heure qui suit l’absorption du médicament ou quelques jours après la prise. 

Elle se manifeste de différentes manières : de la poussée d’urticaire (des plaques rouges qui démangent) au bronchospasme avec des difficultés respiratoires. Lorsque plusieurs organes sont atteints, c’est l’anaphylaxie avec un gonflement de la gorge (œdème de Quinck) et, parfois, une baisse de la tension artérielle (choc anaphylactique). « Parmi les décès dus à l’anaphylaxie, la cause médicamenteuse est la plus fréquente », constate le Pr Demoly.

Dans certaines formes graves retardées, la peau se nécrose (syndrome de Lyell, de Stevens-Johnson…). Ces formes graves sont, heureusement rares, de l’ordre de 1 à 3 cas par million et par an.

Un traitement par désensibilisation possible

Un traitement par désensibilisationest possible dans certains cas particuliers, notamment quand le patient ne peut pas se passer de l’antibiotique auquel il est allergique et qu’il n’y a pas de solution alternative. C’est le cas, par exemple, des enfants atteints de mucoviscidose ou des femmes enceintes souffrant de syphilis, chez qui la pénicilline est indispensable. 

La désensibilisation consiste à habituer progressivement l’organisme à l’allergène pour qu’il ne le rejette plus.

Sur une journée, une douzaine de doses d’antibiotique sont administrées au patient, en commençant par une quantité infinitésimale et en augmentant progressivement l’exposition. La désensibilisation est efficace, mais elle doit être renouvelée avant chaque cure de l’antibiotique incriminé.

La docteure répond

Vous vivez depuis votre enfance avec l’allergie à la pénicilline. C’est le moindre de vos soucis : on ne sert habituellement pas de pénicilline au restaurant et on ne la croise pas en randonnée pédestre. Cependant, vous avez eu récemment une infection urinaire avec une bactérie résistante à certains antibiotiques. Votre médecin semblait embêté et s’est mis à vous poser des questions sur votre réaction à la pénicilline. Devez-vous remettre en question votre allergie ?

Allons droit au but : la plupart des adultes qui se croient allergiques à la pénicilline ne l’ont jamais été ou ne le sont plus (une majorité écrasante de 90 % des patients). Vous pourriez donc peut-être recevoir ce médicament sans danger. De plus, être allergique, c’est plus plate que vous ne le croyez : les gens qui traînent ce diagnostic reçoivent des antibiotiques plus puissants lorsqu’ils sont hospitalisés et deviennent plus fréquemment porteurs de bactéries résistantes. Une vraie allergie à la pénicilline demeure toutefois un sujet sérieux et peut provoquer des réactions dangereuses lors d’une exposition à ce médicament. Embêtant…

Avez-vous déjà été allergique ?

Pour le savoir, il vous faut enquêter sur ce passé médical nébuleux. Tentez de préciser les symptômes que vous avez eus. Vous devrez peut-être questionner votre grand-tante qui était le seul témoin à l’époque, ou rapatrier votre dossier médical d’alors si la mémoire de votre parente commence à faire défaut. S’agissait-il seulement d’une éruption cutanée ? Présentiez-vous des démangeaisons importantes ou d’autres symptômes plus graves, comme de la difficulté à respirer, un gonflement de la gorge, de la langue, du visage ou carrément une métamorphose en bonhomme Michelin ? Ces derniers éléments sont suggestifs d’une réaction allergique sérieuse, aussi appelée « anaphylaxie ». Des symptômes qui surviennent moins d’une heure après la prise du médicament sont aussi plus suggestifs d’une anaphylaxie. Dans ce cas, vous ne devriez pas retoucher à la pénicilline ou à des pilules apparentées avant d’en discuter avec votre médecin et possiblement d’avoir d’autres tests.

Dans les autres cas, c’est-à-dire si votre réaction s’est limitée à une éruption cutanée peu grave ou à des symptômes plus ou moins clairs, il se peut que vous n’ayez jamais été allergique.

Par exemple, on sait que plusieurs virus peuvent causer chez l’enfant des boutons qui ressemblent à des réactions allergiques. L’amoxicilline, le petit frère de la pénicilline (connu aussi comme le sirop de banane qui guérit vos oreilles), peut aussi causer chez les enfants des éruptions cutanées qui ne sont pas, en fait, de vraies allergies. Elles apparaissent typiquement plusieurs jours après le début du traitement, ne causent pas beaucoup de démangeaisons et ne sont pas accompagnées des symptômes d’alarme cités plus haut.

Il est probable que votre passé allergique reste brumeux malgré des efforts archéologiques. Si vous avez réussi à déterminer que votre réaction était peu grave il y a longtemps, vous y avez tout de même gagné : vous pourriez probablement prendre certains antibiotiques apparentés à la pénicilline sans danger. On parle de plus d’une dizaine d’antibiotiques aux noms saugrenus qui vous ont peut-être été interdits jusqu’ici. L’appel à votre grand-tante a peut-être été pénible, mais il aura permis de vous prévaloir de plus d’options thérapeutiques pour neutraliser votre envahisseur urinaire.

Êtes-vous encore allergique ?

En plus de tout ça, parmi les gens qui ont présenté une vraie anaphylaxie à la pénicilline, environ 80 % ne présenteront plus de réaction si on leur redonne de la pénicilline 10 ans plus tard. C’est dire que leur système s’est désensibilisé. Il a oublié ses techniques de bataille contre cet antibiotique. Il se pourrait que ça soit votre cas.

Vraie allergie, fausse allergie, ancienne allergie… vous avez possiblement peu de risques de faire une réaction allergique à la pénicilline. Avant d’effectuer un test maison avec un gin-pénicilline, parlez-en tout de même à votre médecin, avec le plus d’information possible. Celui-ci pourra déterminer avec vous quels antibiotiques vous pouvez prendre et ne pas prendre. Il vous dirigera au besoin en allergologie pour plus de tests s’il persiste un doute sur une authentique réaction allergique. Une consultation chez un détective professionnel pourrait peut-être aussi vous aider à épurer votre dossier médical !

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Comment detecter une allergie à la pénicilline ?

Le diagnostic d'allergie aux pénicillines se pose sur la base d'une anamnèse et de tests cutanés positifs. La sensibilité de ces tests étant estimée à 70%, il est parfois nécessaire de les compléter avec des tests in vitro, plus rarement avec des tests de provocation.

Quels sont les effets secondaires de la pénicilline ?

Votre pharmacien pourrait être en mesure de vous donner des conseils sur la conduite à tenir si ces effets secondaires apparaissaient :.
des brûlures d'estomac;.
de la diarrhée;.
des douleurs gastriques;.
une éruption cutanée..
une langue noire « pileuse »;.
de la nausée;.
une sensation de ballonnement;.
des vomissements..

Comment reconnaître une allergie à l'amoxicilline ?

Des éruptions cutanées : minuscules taches rouges, bleus, ou bien cloques, pustules, bosses. Ces symptômes d'allergie à l'amoxicilline chez l'adulte ou l'enfant sont rares mais peuvent être graves. Ils s'accompagnent parfois de fièvre, de maux de tête ou de courbatures. Une diarrhée violente et parfois sanglante.

Est

Néanmoins, certaines classes d'allergènes ont un potentiel allergisant très fort (c'est notamment le cas pour la pénicilline), ce qui laisse à penser que oui, des enfants de parents allergiques à la pénicilline ont plus de chances d'y être allergique aussi.