Un climat, des climatsLe climat définit et explique les conditions de l'atmosphère au-dessus d'un lieu à moyen et long terme (à la différence de la météorologie qui s'intéresse au court terme). Mais il peut s'étudier à différentes échelles d'espace et de temps. Show
Mais, plus qu'au climat planétaire préoccupation majeure des physiciens et des géologues, les géographes s'intéressent aux climats, en insistant sur l'hétérogénéité des ambiances à la surface des continents et des océans, leurs discontinuités spatiales, leurs rythmes saisonniers et leurs variabilités interannuelles. La stabilité du climat planétaireLa Terre a une température a peu près constante depuis l'apparition de la vie ; il y a eu des périodes plus chaudes et d'autres plus froides, mais jamais éloignée de plus de quelques degrés par rapport à une moyenne d'environ 15,1°C. Une telle stabilité est extraordinaire si l'on compare à des planètes comme Mars ou Venus qui à l'origine avait des conditions climatiques semblables à la Terre et qui ont évolué vers le désert ou la fournaise. Cette stabilité est due à la présence d'eau qui recouvre près des trois quarts de la surface de la planète (qui passe selon la température planétaire de l'océan à l'air ou aux glaciers) et aux êtres vivants qui occupent sous diverses formes toute la planète. Pour autant, le climat de la Terre varie naturellement, sans l'intervention de l'Homme, suivant des cycles et des évènements ponctuels. Ces changements nous sont imperceptibles et ne sont connus que par les analyses des traces laissées par des ambiances climatiques
différentes dans les glaces, les sols etc. La variabilité du climat planétaire est normale, et tient aux fluctuations des courants océaniques, aux éruptions volcaniques, au rayonnement solaire, aux paramètres astronomiques et à d'autres composantes du système climatique encore partiellement incomprises. Nous synthétisons ici les principaux paramètres et phénomènes naturels qui contribuent à modifier le climat planétaire. Caractéristiques astronomiques de la TerreLes variations climatiques dépendent étroitement de la position astronomique de la Terre.
L'inclinaison de l'axe des pôles par rapport à la perpendiculaire au plan de l'écliptique et la révolution engendrent les saisons astronomiques à partir de quatre positions :
La rotondité de la Terre (sa forme se rapproche d'un géïode) fait que les rayons du soleil doivent traverser à la fois une plus grande distance et surtout une épaisseur plus importante de l'atmosphère en allant vers les pôles. Ceci définit les grandes zones climatiques :
Les paramètres internes des variations climatiques de la TerreLes éruptions volcaniquesL'activité volcanique rejette notamment du CO2
(actuellement en quantité moindre que les activités humaines) et de l'acide sulfurique sous forme de gouttelettes. Les rejets de cendres peuvent atteindre des millions de tonnes jusqu'à plusieurs kilomètres d'altitude. En 1450 av. JC, l'éruption volcanique de Santorin en mer Egée va mettre en suspension de telles quantités de poussières que durant l'été qui suit en Europe et au Proche Orient, le ciel reste voilé et la température
baisse d'environ 0,5°C. A court terme, le volcanisme implique une chute des températures, évalué entre - 0,05°C et - 0,12°C depuis les années 2000 (Ridley et al. 2014 ; Total volcanic stratospheric aerosol optical depths and implications for global climate change. Geophys. Res. Lett., early on-line, doi:10.1002/2014GL061541) La circulation thermohalineL'atmosphère et l'océan, qui sont des fluides, interagissent. Ainsi, l'océan joue un role important dans la définition des climats à diverses échelles. Ces échanges océaniques auraient été modifiés au Dryas
(10 500 BP(1)) car la fonte des glaces continentales (inlandsis) entraînant un surplus d'eau douce a diminué la salinité des eaux. © Planet Observer / INSU L'Oscillation Nord-AtlantiqueL'Oscillation Nord-Atlantique est une variation qui affecte l'Atlantique nord comme son nom l'indique des côtes américaines à l'Europe. Il existe un équivalent dans le pacifique mais sa masse considérable et son fonctionnement plus hémisphérique que dans l'Atlantique
atténue cette oscillation. Les causes externes des variations climatiques naturelles de la TerreLes cycles astronomiquesLes travaux du mathématicien serbe Milutin Milankovitch (1941) confirmés par l'astronome belge André Berger, le paléoclimatologue américain John Imbrie et le mathématicien J.Laskar mettent en évidence que la variation de la position de la Terre sur son orbite induit des variations climatiques majeures :
Les paramètres orbitaux expliquent la répétition quasi-périodique tous les 100 000 ans des glaciations du quaternaire.
Ainsi, depuis 1,7 millions d'années, il y a eu 17 cycles. L'intensité de l'activité solaireL'énergie qui nous vient du soleil fluctue légèrement en fonction du nombre de tâches solaires présentes sur le soleil. Ainsi, l'émission solaire varie en fonction des taches solaires, plus elles sont nombreuses et plus l'émission augmente. La reconstitution des variations de l'activité solaire est rendue possible par l'analyse de la composition isotopique du carbone des cernes annuels d'arbres. Des cycles de onze ans apparaissent nettement. Des périodicités plus longues de 200-300 ans peuvent également être observées (NESMES-RIBES, 2000). A partir des observations à la lunette astronomique, les taches solaires sont inexistantes de 1600 à 1710 (minimum de Maunder) ce qui contraste avec leur nombre important depuis le début du XVIIIe siècle. La période allant de 1790 à 1830 présente également une diminution du nombre de taches. Mais le lien entre ces modifications pluriséculaires de l'insolation et la circulation océanique de l'Atlantique nord et la circulation atmosphérique n'est pas clairement établie. Nous notons sur ces graphiques une bonne corrélation entre la valeur de la constante solaire et les températures relevées ; les gaz à effet de serre ne seraient pas les seuls responsables du réchauffement ? Cependant, il semble encore difficile d'estimer l'impact de cette légère fluctuation de la constante solaire sur les températures. Les chutes de météoritesLes météorites sont des objets venus de l'espace qui parviennent jusqu'au sol terrestre et y creusent des cratères parfois considérables. Les plus gros comme celui qui causa probablement l'extinction des dinosaures il y a 65 millions d'années, génèrent de par leur impact avec la Terre de nombreux débris qui obstruent l'atmosphère. Un "hiver d'impact" peut alors s'installer durablement (jusqu'à plusieurs années). Lorsque celui-ci se dégage enfin, les gaz à effets de serre sont particulièrement actifs. Ces différents paramètres influent sur le climat planétaire à des échelles de temps variant de quelques mois à plusieurs millénaires. Ainsi se construit l'histoire du climat de la Terre que les scientifiques tentent de retracer... Reconstruire l'histoire du climat de la TerreLe climat passé de la TerreLes études ont donc montré que les variations d'insolation étaient à l'origine des grandes variations climatiques. Ainsi, le dernier million d'années a connu la croissance puis le retrait des grandes calottes glaciaires. La carotte antarctique de Vostok met en évidence 4 grands cycles climatiques de 100 000 ans (sur 400 000 ans). Reconstruction de l'évolution de l'écart moyen des températures de la Terre au cours des 2000 dernières annéesCrédit : compilation de sources disponibles sur la Wikipedia "Au cours des 400 000 dernières années, la température, montre une allure très similaire aux variations du volume des glaces tirées de l'étude des sédiments marins. Aux moments des périodes très froides en Antarctique (-65°C au lieu de -55°C actuellement à Vostok), il y avait plus de glace sur les continents (principalement en Europe et en Amérique du Nord) (...) Autre observation, le signal climatique de Vostok contient des périodes de 20 000 et 40 000 ans caractéristiques des variations de l'orbite terrestre." (J-R. Petit, UPR INSU-CNRS). Evolution de l'écart moyen des températures de la Terre par rapport à aujourd'huiCrédit : L'atmosphère - Dossier Pour la Science, juin 1996 Il est intéressant de constater que les périodes froides (dites "glaciaires") sont caractérisées par de faibles taux de concentration de CO2 dans l'atmosphère tandis que les périodes plus chaudes (dites "interglaciaires") correspondent à des taux plus élevés : le parallélisme est tout à fait remarquable. Notons enfin que les sondages et les analyses paléoclimatiques effectuées à travers le monde ont également mis en évidence l'extrême variablité du climat qui peut entraîner des modifications brusques des températures (en quelques centaines d'années) à l'échelle hémisphérique. Comment reconstruire l'histoire du climat de la Terre ?Le suivi de l'évolution globale du système climatique demande des prélèvements dans l'ensemble des bassins océaniques, sur les continents et les calottes glaciaires. Ceci nécessite la présence de navires pour le carottage des fonds marins et l'organisation de
campagnes en régions polaires pour les carottages glaciologiques. Les climats plus anciens sont reconstitués grâce à la répartition et l'analyse isotopique des faunes fossiles de foraminifères (petits organismes qui fabriquent une coquille calcaire). Ce sont donc les sédiments marins et lacustres qui sont alors étudiés. Enfin, les calculs astronomiques des changements d'insolation sur Terre permettent de remonter jusqu'à 14 millions d'années avec une précision de 5 000 ans sur les 5 derniers millions d'années. L'Europe est le continent où les séries météorologiques sont les plus anciennes, les plus nombreuses et où les recherches sur ce thème sont les plus avancées. Les variabilités historiques du climat en EuropeHistorique des mesures météorologiquesL'Europe est le continent où les séries météorologiques sont les plus anciennes, les plus nombreuses et où les recherches sur ce thème sont les plus avancées. Les études récentes montrent que la périodisation historique du climat en Europe ne s'étend pas toujours au-delà du fuseau atlantique septentrional. Le réchauffement médiéval s'observe par exemple en mer des Sargasses ; mais en Nouvelle Zélande, le Moyen Âge était frais et une hausse des températures caractérise les XVI à XIXe siècles. De plus, sur le vieux continent, à une échelle plus fine, l'imbrication des terres et des mers contribue à diversifier les climats et des évolutions différentes ont parfois été observées en Europe continentale et atlantique ou dans les régions les plus septentrionales et en Méditerranée. Les stations météorologiques fixes sont apparues en Europe au XVIIe siècle (Padoue, Paris...). Un premier réseau européen est constitué en 1780 et les premières cartes de vent ou de pression apparaissent à la fin du siècle. Mais en France le maillage n'est composé que de 24 stations au milieu du XIXe siècle (pour 184 aujourd'hui). Les équipements ne sont pas normalisés et ils vont évoluer avec les techniques, si bien par exemple qu'aucun anémomètre ne pouvait, entre les deux
guerres mondiales, enregistrer des vents de 172 km/h à Paris (vitesse enregistrée à Orly lors de la tempête de décembre 1999). La création de l'Organisation météorologique internationale en 1873, devenue Office météorologique mondial en 1950 va contraindre à la standardisation des mesures. Quelle information peut on extraire des marqueurs ?Le qualificatif : « Plusieurs siècles froids » ne signifie pas pour toute l'Europe et tout au long des 365 jours de l'année un
climat froid homogène. Il faut donc de la prudence dans l'interprétation. Une alternance de réchauffements et de refroidissements de faible ampleurLa déglaciation qui s'effectue par pulsations successives va totalement changer les paysages d'Europe à la fois par la hausse des niveaux marins et le déplacement des traits de côte et par les formations végétales qui vont répondre aux modifications thermiques. Après les épisodes de retour du froid des Dryas, vers 10 000 BP débute l'interglaciaire holocène. A l'Atlantique, vers 5 000-6 000 BP les températures d'été sont de 2°C plus élevées qu'au XXe siècle et de 1°C en hiver : c'est l'optimum climatique. La pluviométrie est de 10% supérieure à l'actuelle, ce qui permet le grand développement des chênaies mixtes. La yeuse pousse en Norvège tout comme le noisetier. L'agriculture se répand en Europe. La transgression flandrienne oblige des populations occupant le Dogger bank à migrer vers
le sud et l'est. Malgré une pluviométrie qui diminue, à l'âge des métaux, des conditions clémentes permettent la croissance des arbres en Cornouaille, l'agriculture en Angleterre jusque vers 400 m d'altitude. Un siècle plus tard, une amélioration permet des expéditions
vers l'Europe du nord dont Strabon décrit les tempêtes de 114 et 120 avant JC. La vigne est introduite en France. Le réchauffement va conduire à une hausse du niveau marin de près d'1 m. La Flandre est submergée vers 250 après JC. La détérioration débute au XIIIe siècle au nord de l'Europe et au XIVe au sud (Bradley, 1995). Elle débute par une forte variabilité interannuelle. Dès 1300, la saisonnalité est de plus en plus mal marquée en Angleterre. Les tempêtes deviennent fréquentes en Allemagne, au Danemark et aux Pays Bas. Les tempêtes de 1240, puis 1362 submergent les côtes basses, font disparaître des îles (Heligoland), détruisent des ports. Les étés sont frais et pluvieux (1313, 1314, 1317, 1321, 1349…) ce qui conduit à l'abandon de cultures céréalières en Scandinavie, à l'abandon de villages entiers, à des famines en Europe. Les hivers sont de plus en plus rudes puisque la mer du nord est prise en glace entre Norvège et Danemark, que la route Scandinavie-Groenland ne permet plus au dernier évêque nommé en 1492 d'atteindre son diocèse insulaire. Le petit âge de glace s'étend du XVe siècle au XIXe siècle. Il est marqué par un refroidissement net de l'ordre de 1,5°C en été en Suisse et par une pluviométrie soutenue. En montagne les glaciers avancent vers les vallées comme le glacier d'Argentière ou les glaciers blanc et noir. La limite supérieure de l'arbre en montagne réagit au refroidissement de la saison végétative. La banquise annuelle atteint les Féroé. Le Roy Ladurie note que 1816 est l'année des vendanges les plus tardives en France. C'est aussi l'année des tempêtes. Dans son ode sur la prise de Namur Boileau décrit les froids torrents de décembre qui ont noyé partout les champs, les récoltes si mauvaises que le Conseil royal pour éviter les émeutes fait construire dans la cour du Louvre à Paris des fours pour cuire un pain vendu 2 sous la livre. L'année suivante la mortalité en France frappe plus d'un sixième de la population. En 1709, Saint Simon note que l'hiver est si rude que les liqueurs cassent dans les bouteilles déposées dans les armoires près des cheminées à Versailles. Il fait –10°C à Paris en mars. En Europe, le froid semble avoir connu deux maxima, l'un au XVIIe siècle sous le règne du roi soleil et l'autre au début du XIXe siècle –remarquons qu'en Amérique du nord, le second est plus marqué que le premier. Le net réchauffement du XXème siècleCertains glaciers alpins reculent dès 1820 (Keigwin, 1996, Lachiver, 1991). Mais les étés restent très maussades en Europe du nord d'où les grandes famines d'Irlande de 1846 à 1851. A partir de 1880, le climat se réchauffe partout. La hausse des températures de l'ensemble de la planète depuis un
siècle a été estimée à O,6°C. La décennie 1990-1999 est la plus chaude depuis le début de la période instrumentale et serait la plus chaude depuis l'optimum médiéval. L'estimation de la tendance au réchauffement est rendue difficile par les différences d'instrumentation, par l'urbanisation, par l'éventuelle prise en compte de la fin du petit âge de glace dans les séries les plus longues et par les variabilités à pas de temps pluridécennal comme l'Oscillation nord-atlantique (hivers froids des
années cinquante et hivers doux des années quatre-vingt-dix). D'après : Météo France Il est supérieur à 1°C sur les littoraux de la Manche et de l'Atlantique alors que dans les régions allant des Vosges aux Alpes il n'est que de 0,6 à 0,8°C. Les températures maximales ont moins augmenté sauf au Pays basque et dans les Alpes du nord (1°C). En Picardie et dans le Nord, elles sont constantes. Cette opposition entre les régions continentales et maritimes ne peut s'expliquer que par un accroissement de nébulosité qui amplifie l'effet de serre naturel nocturne. Des travaux menés dans le bassin de Marenne Oléron sur la prolifération d'espèces de poissons tropicaux confirment que la hausse de température s'accompagne d'une baisse d'insolation de 12 % en 50 ans. Au cours de l'interglaciaire holocène, la fourchette de variation des températures est resserrée : 2°C de plus ou 1°C de moins. Ce sont des « nuances » d'un même climat. Le réchauffement récent n'excède pas pour le moment cette variabilité naturelle (Leroux, 1996). Certains rythmes (pluriséculaires, trentenaires…) apparaissent nettement. Mais dans le détail les variabilités intra-annuelles du temps et inter-annuelles du climat aux latitudes moyennes sont telles qu'un « bruit de fond » brouille le signal des autres variabilités connues (Tabeaud, 1998, 2000). En général, le passage d'une période plus chaude à une période plus froide ou l'inverse s'effectue par une transition d'années fortement contrastées entre elles ou à aléas extrêmes. La période actuelle est incontestablement marquée par un réchauffement qui devrait se confirmer dans les cinquante années à venir. L'origine de la hausse de température est encore discutée. Mais que les causes du réchauffement contemporain soient, naturelles, anthropiques, ou les deux, ne modifie en rien l'adaptation déjà observée de la faune et de la flore de France au changement d'environnement. Notes
Références
Auteur(s)Martine TABEAUD, professeur de géographie à l'Université Paris Panthéon Sorbonne Droits de reproduction du texteCC BY-NC-SA Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Partage dans les Mêmes Conditions Quelle est l'origine des climats sur Terre ?Les climats de la Terre (température, ensoleillement, précipitations) sont influencés par la circulation de l'air et de l'eau. Les masses d'air et d'eau se déplacent en fonction de leur réchauffement et de leur refroidissement, donc en fonction du rayonnement solaire.
Comment FaitDans la période plus contemporaine, le climat se réchauffe à partir de 1911-1920 avec, pour la période 1911-1952, une évolution que l'on pourrait qualifier de premier réchauffement. Beaucoup de gens se rappellent encore les étés chauds de la Seconde Guerre mondiale et des années suivantes, jusqu'en 1952.
Qui a inventé le climat ?Elle a été inventée par le climatologue Wallace Broecker dans la revue Science. A la fin des années 1970, la science a produit des modèles généraux de circulation atmosphérique mondiale.
Quel historien a écrit l'Histoire du climat depuis l'an mil ?Dans son ouvrage Histoire du climat depuis l'an mil, Le Roy Ladurie avait développé la thèse du changement cyclique global du réchauffement et du refroidissement du climat.
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