Commission de la condition de la femme Show L’impact de la mondialisation sur les femmes, considérée comme une entrave plus que comme une opportunité, s’est trouvé ce matin au coeur des travaux de la quarante-sixième session de la Commission de la condition de la femme. Au troisième jour de sa session, la Commission a entendu trois experts sur le thème «Elimination de la pauvreté, notamment grâce au renforcement du pouvoir des
femmes tout au long de leur cycle de vie, à l’heure de la mondialisation». Ces experts, ainsi que plusieurs représentants des Etats Membres, se sont également inquiétés de la protection des fillettes et adolescentes, s’accordant sur la nécessité de consacrer davantage de ressources à leur éducation pour mieux préserver leurs droits et leur avenir. SUIVI DE LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET DE LA SESSION EXTRAORDINAIRE DE L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE INTITULÉE "LES FEMMES EN L'AN 2000: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIe SIÈCLE" Table ronde d’experts sur le thème «Elimination de la pauvreté, notamment grâce au renforcement du pouvoir des femmes tout au long de leur cycle de vie à l’heure de la mondialisation» Mme GAUDENCE RWAMAHEKE (Burundi), Directrice générale au
Ministère de l’action sociale et de la promotion de la femme, a évoqué un développement à double vitesse et un univers de disparités exacerbées par la mondialisation. La mondialisation bénéficie aux pays les plus compétitifs et marginalise encore davantage les économies les plus faibles, a-t-elle estimé. Elle a des effets négatifs sur les dépenses publiques de santé et d’éducation alors que les pays en développement et les femmes en particulier ont encore largement besoin des
programmes sociaux. Au plan individuel, la mondialisation suppose la libre circulation des ressources financières, des biens et des services. Cependant, peu de personnes ont une réelle liberté de mouvement d’un pays à l’autre en raison des règles rigoureuses d’émission de visas. Par ailleurs, la mondialisation n’a pas la même incidence sur les hommes et les femmes, ces dernières souffrant davantage des ajustements structurels imposés par la mondialisation; les femmes supportent
le fardeau et le coût social de ces politiques de par leur rôle de reproduction. Par conséquent, le nouvel ordre économique mondial prive les femmes d’occasions leur permettant des réalisations personnelles. Quant à la femme rurale dans les pays en développement, elle profite encore moins de la mondialisation, se trouvant dans une situation d’extrême pauvreté. Les femmes pauvres constituent la majorité des pauvres, tant dans les pays développés que dans les pays en
développement. M. JAN VANDEMOORTELE (Belgique), Docteur en économie du développement, Conseiller principal du Groupe pour le développement économique du PNUD, a prévenu que la pauvreté est pluridimensionnelle, se manifeste de diverses manières qu’il faut saisir comme il convient et, à cet égard, les indicateurs moyens ne sont pas toujours exacts. Ainsi, le PIB laisse de côté certaines valeurs de la production et
d’une économie de services et les analyses font abstraction de la place de la femme au foyer, qui débouchent sur des conclusions erronées. Il a cité l’exemple de la Côte d’Ivoire et le taux d’inscription dans les écoles: dans les années 80/90, les taux paraissaient bons, mais en fait ils masquaient une discrimination par classes sociales et ainsi, les petits garçons des familles aisées avaient de bien meilleures chances que les petites filles pauvres. De même, les taux de VIH/sida et
la pauvreté sont étroitement liés et la pandémie affecte en particulier les femmes et, parmi elles, surtout les jeunes filles analphabètes. Mme SAVITRI BISNATH (Trinité-et-Tobago), étudiante en Doctorat au Département de la planification régionale et urbaine à l’Université Cornell, a indiqué que les femmes et les fillettes
étaient plus vulnérables à la pauvreté que les hommes dans la mesure où elles subissent des inégalités dans la redistribution des revenus, dans l’accès aux soins de santé, aux ressources productives comme le crédit, et à la propriété et pour ce qui est également du contrôle de leurs revenus. Les femmes sont aussi victimes de préjugés sur le marché de l’emploi ainsi que de la marginalisation et l’exclusion de diverses institutions politiques et économiques. L’experte a expliqué qu’au
cours de ces dernières années, les stratégies d’autonomisation des femmes ont évolué. Il est cependant difficile d’établir une corrélation entre l’autonomisation des femmes et la réduction de la pauvreté dans la mesure où ces deux concepts sont complexes et multidimensionnels et ne peuvent pas être appréhendés par le biais de simples indicateurs. M. VANDEMOORTELE, a expliqué pour sa part qu’il n’y avait pas d’acteur unique chargé d’assurer la parité mais une multitude d’acteurs que sont les gouvernements, les ONG, les institutions financières internationales, les Nations Unies, et les institutions internationales spécialisées. Les années 1990 n’ont pas permis de réaliser les promesses et engagements pris. Même s’il y a eu prospérité mondiale et progrès technologiques, les années 1990 ont été marquées par un ralentissement des avancées réalisées dans les années 1980. La parité n’est pas un sous-produit mais un droit. Le microcrédit n’est pas la solution mais est une option. Il a expliqué que le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) s’attache à réaliser par pays les objectifs fixés lors du Sommet du Millénaire. L’aspect sexospécifique du développement constitue une partie importante du travail accompli par le PNUD. Le déclin du prix des matières premières a paralysé les efforts en faveur du développement et de la parité. Il faut muscler l’Organisation internationale du travail (OIT) pour qu’elle suive le respect des normes du travail sur un plan mondial. Mme BISNATH a expliqué, quant à elle, qu’il fallait renforcer les organisations chargées de la condition et de la promotion de la femme pour qu’elles exercent une plus grande influence sur le plan international. La sécurité des femmes est un droit fondamental et il conviendrait d'augmenter les dépenses consacrées à la santé. Mme CHARLOTTE ABAKA (Ghana), Présidente du Comité pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, en réponse à différentes questions, a recommandé que la
Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes soit considérée comme un élément important de lutte contre la pauvreté. A cet égard, elle a jugé que les dispositions de l’article 4 (1), relatif aux mesures spéciales temporaires devraient être mises en oeuvre pour accélérer de facto l’égalité entre l’homme et la femme, afin que les femmes n’aient pas à attendre encore dix ans pour vivre une existence digne de ce nom. Mme RWAMAHEKE a précisé que pour asseoir une base solide de développement, il faut qu’il repose sur de bonnes politiques, l’état de droit et la stabilité qui est un défi pour les pays africains. Il faut espérer que les nouveaux concepts de bonne gouvernance permettront d’évoluer dans la bonne direction sur la base d’indicateurs de réussite. En réponse à la question de la délégation du Ghana sur les responsabilités des gouvernements vis-à-vis de la femme rurale, elle a précisé que celle-ci est confrontée à des problèmes plus importants que ceux portant sur l’intégration à la mondialisation. Il faut permettre à la femme rurale de bénéficier progressivement des nouvelles technologies de l’information, en luttant contre l’analphabétisme et en faisant en sorte que l’objectif de scolarisation universelle soit atteint et en privilégiant la décentralisation à tout point de vue. Pour sa part, M. VANDEMOORTERLE a expliqué que bien souvent, on ne voyait pas le lien entre le microcrédit et les autres aspects de la stabilité économique et du développement durable. Nous voyons les choses de façon séquentielle alors que la réalité est différente. Les gouvernements peuvent faire davantage en faveur des femmes rurales mais la mondialisation risque d’être exploitée comme prétexte pour réduire les politiques nationales économiques et sociales, ce qui a été le cas dans le contexte de la lutte contre la pandémie du VIH/sida. Mme BISNATH a fait valoir qu’un bon système de santé et d’éducation est essentiel à la création d’un environnement sain sur le plan économique. Les politiques économique et fiscale ne devraient pas avoir la priorité sur les objectifs sociaux de la réduction de la pauvreté. Il faut intégrer de façon plus efficace les politiques sociales et économiques. Les gouvernements doivent définir les secteurs et produits importants au regard des échanges mais également protéger les stratégies de survie des femmes rurales. Le Consensus de Monterrey fixe les objectifs que peuvent atteindre les politiques économiques et monétaires mais passe sous silence les aspects sociaux. En conclusion, Mme RWAMAHEKE s’est demandée si des mesures spéciales temporaires ne devaient pas s’imposer dans le domaine de l’élimination de la pauvreté, compte tenu notamment du peu de temps qui reste avant l’examen en 2005 des progrès réalisés dans l’application du Programme d’action de Beijing. * *** * Pourquoi la mondialisation accentue les inégalités ?La mondialisation tend à renforcer les espaces déjà favorisés, à susciter le développement des pays les plus à même de s'y intégrer (Asie) mais fragilise aussi des économies plus dépendantes (Afrique). Jamais le monde n'a connu autant de riches mais jamais il n'y a eu autant de pauvres.
Comment ont évolué les inégalités entre pays avec la mondialisation ?Entre 1850 et 1910, la part des 60 % les plus pauvres dans le revenu mondial est passée de 23 % à 17 % tandis que la part des 10 % les plus riches augmentait de 45 % à 51 %. L'inégalité mondiale en 1850 était comparable à ce que l'on observe aujourd'hui dans des pays assez inégalitaires.
Quels sont les principaux effets de la mondialisation ?La croissance économique mondiale et la productivité industrielle qui sont à la fois le moteur et les conséquences principales de la mondialisation ont aussi des conséquences environnementales majeures : déplétion des ressources naturelles, déforestation, destruction des écosystèmes.
Quels sont les effets positifs et négatifs de la mondialisation ?Les principaux avantages de la mondialisation pour les consommateurs sont une baisse des prix et une augmentation des choix. Les principaux inconvénients de la mondialisation pour les consommateurs sont la suppression des emplois liés à la mondialisation et les inégalités de salaire.
|