Peut on parler avec une seule corde vocale

Les tumeurs des cordes vocales ont tendance à s'accroître avec l'augmentation de la consommation moyenne de tabac et d'alcool. Bénignes si elles sont traitées à temps, elles peuvent néanmoins dégénérer en cancer de la gorge.

Tumeur des cordes vocales : bénigne ou maligne ?

Les tumeurs des cordes vocales peuvent être de deux natures : bénignes ou malignes.

  • Les tumeurs bénignes des cordes vocales sont assez fréquentes. Il s'agit de nodules qui peuvent être isolés ou multiples et qui se présentent sous la forme d'une petite boule. Ils entraînent une voix rauque et parfois des difficultés à parler mais ils restent bénins.
  • Les tumeurs malignes des cordes vocales, elles, sont plus problématiques. En effet, elles sont souvent à l'origine d'un cancer de la gorge qui touche le larynx et/ou le pharynx. À ce stade débutant, la tumeur (un carcinome épidermoïde dans 90 % des cas) ne concerne que les cordes vocales mais, sans traitement, elle risque de rapidement se propager.

Le tabagisme, première cause des tumeurs des cordes vocales

Le tabagisme est connu pour être la principale cause des tumeurs des cordes vocales. Dans une moindre mesure, l'alcool est également un facteur de risque. C'est lorsque les deux sont combinés que le danger est le plus important.

C'est ce qui explique que les hommes de 50 ans soient les premières victimes. Cette population est, en effet, la plus concernée par ce problème de santé publique. Néanmoins, on remarque que de plus en plus de femmes y sont également sujettes avec la progression du tabagisme féminin. Le cancer des cordes vocales n'est finalement plus si rare que ça.

Principal symptôme du cancer des cordes vocales : la dysphonie

La dysphonie est un enrouement qui dure plus de trois semaines. Principal symptôme du cancer des cordes vocales, il va généralement en s'aggravant et les traitements habituels ne parviennent pas à le soulager.

Cette dysphonie est due à un défaut de vibration de la muqueuse des cordes vocales puis à une gêne de la mobilité de la corde qui finit, à terme, par se fixer.

Si rien n'est fait, la dysphonie risque progressivement de s'accentuer et de provoquer :

  • une dysphagie (des difficultés à déglutir) ;
  • une dyspnée (difficultés à respirer) ;
  • des douleurs dans l'oreille.

S'il s'agit bel et bien d'un cancer des cordes vocales, on pourra également observer l'augmentation de volume des ganglions cervicaux.

Consulter la fiche pratique Ooreka

Cancer des cordes vocales : diagnostic et pronostic

Un bon diagnostic permet de déterminer les chances de guérison du patient.

Diagnostic par laryngoscopie

Le diagnostic de la tumeur des cordes vocales pourra être posé à l'aide d'un examen endoscopique.

  1. On procédera donc à une laryngoscopie qui permettra de l'identifier et de la localiser avec précision.
  2. On procède généralement aussitôt à une biopsie afin d'examiner la tumeur et de déterminer ses caractéristiques. Il s'agit notamment d'éliminer les causes bénignes telles qu'un nodule ou une laryngite chronique notamment.
  3. Si la tumeur est bel et bien cancéreuse, on procède à un scanner qui permet d'évaluer son étendue et de s'assurer qu'elle n'a pas encore atteint les cartilages avoisinants.

Pronostic du cancer des cordes vocales

Le pronostic des tumeurs des cordes vocales est globalement bon. Le taux de survie à 5 ans est compris :

  • entre 85 et 95 % pour les tumeurs de stade T1 ;
  • entre 60 et 90 % pour les tumeurs de stade T2.

Un traitement essentiellement chirurgical

Les tumeurs des cordes vocales sont surtout traitées par chirurgie. Si la tumeur des cordes vocales est rapidement prise en charge, il peut être possible de réaliser une microchirurgie au laser.

Ces deux options thérapeutiques seront discutées avec le patient afin de déterminer avec lui et en toute connaissance de cause (avantages et inconvénients) la meilleure des deux options.

Cancer des cordes vocales : la chirurgie

Le chirurgien oncologue procédera à :

  • une ablation de la corde vocale concernée (si possible partiellement seulement), voire du larynx ;
  • un curetage ganglionnaire si des adénopathies sont retrouvées (atteintes des ganglions cervicaux).

Radiothérapie

Parfois, une radiothérapie est mise en place suite à une intervention chirurgicale.

Lors d'une laryngectomie, les cordes vocales sont retirées.

Lors d'une laryngectomie, les cordes vocales sont retirées.

Getty Images/iStockphoto

Ça faisait trois ans que j'avais la voix un peu enrouée. Les médecins pensaient que j'avais un petit problème à une corde vocale. Puis un énième ORL a fait un examen plus approfondi et le diagnostic est tombé: un cancer de la gorge -plus exactement, du larynx, mais je trouvais le terme un peu trop pompeux. J'ai très mal vécu cette annonce. Je trouvais ça d'autant plus injuste que ça touche ma gorge et pas une autre partie de mon corps, moi qui n'ai jamais fumé. Compte tenu de mon état psychologique, je n'ai pas été opérée tout de suite, j'ai d'abord essayé un autre protocole avec de la chimiothérapie et de la radiothérapie. Mais ça n'a pas marché. 

Cinq mois de silence

J'ai dû subir une ablation du larynx (l'organe de la voix, NDLR) en septembre 2002. Après l'opération, j'étais au fond du trou. La cicatrisation a été très longue, car ma peau avait été fragilisée par les rayons. J'ai passé plus de cinq mois la tête bandée comme un oeuf de Pâques à ne pas pouvoir manger. Mon mari me nourrissait avec de la soupe à l'aide d'une sonde nasale. C'était très difficile pour lui aussi. Je ne pouvais pas parler non plus, mais de toute façon, je n'en avais aucune envie. Totalement démoralisée, je demandais -par écrit- à mes amis, lorsqu'ils venaient me rendre visite, de trouver une solution pour m'aider à mourir. Une personne du corps médical m'avait même dit que je ne pourrais plus jamais manger ni parler. Quel était mon avenir?  

Un jour, par miracle, on m'annonce que le trou à la base de ma gorge a fini par cicatriser. J'ai repris espoir et goût à la vie en me disant: "Même si je ne parle pas, au moins, je mange." Mes proches m'ont ensuite poussée à aller dans un centre de rééducation à Marseille. On ne pouvait pas me poser de prothèse phonatoire, mais je pouvais réapprendre à parler par voix oesophagienne. Quatre jours après mon arrivée, mon mari, qui m'accompagnait, a fait un infarctus. Je ne pouvais pas encore parler, mais je pouvais courir assez vite pour aller chercher des secours -il s'en est heureusement sorti. Certaines personnes autour de moi pensent que c'est ce qui m'a servi de déclic. Peut-être à cause de la peur de me retrouver seule, j'ai réappris très vite à parler.  

L'Express Abo

Offre limitée. 2 mois pour 1€ sans engagement

Suzette à tue-tête

Ma rééducation dans ce centre a été l'un des meilleurs moments de ma vie. Une orthophoniste m'a d'abord appris à respirer par le ventre. Car pour parler avec l'oesophage, il faut avaler de l'air et le sortir pour émettre des sons -un peu comme quand on rote, pour parler vulgairement. On progresse ensuite syllabe par syllabe. Je me souviens que lors de l'un des premiers cours, un homme assez jeune qui avait subi une laryngectomie récitait des fables de La Fontaine. Je le regardais avec admiration en me disant: "Jamais je n'y arriverais!" Mais le travail de groupe est très stimulant: quand le voisin fait un mot, on se dit: "Pourquoi je n'en ferais pas deux?" En plus, les échanges et le contexte étaient très sympa. 

Annie cache le trou laissé par sa laryngectomie avec un collier.

Annie cache le trou laissé par sa laryngectomie avec un collier.

Au bout de quatre semaines, je parlais à nouveau. Je suis alors descendue au village près du centre pour prendre un rendez-vous chez le coiffeur, pour tester ma voix. Le petit apprenti qui m'a accueillie a eu un moment d'hésitation, mais j'ai insisté et il m'a comprise. J'étais tellement contente. Je suis repartie regonflée à bloc! A mon retour à la maison, il fallait que je continue les exercices. Alors quand mon mari partait au travail, je mettais un CD de Dani Brillant, et je chantais Suzette! Je trouvais ça moins fastidieux que de lire le journal à voix haute... et tant pis si je chantais faux. 

"J'ai retrouvé mes intonations"

Aujourd'hui, à 70 ans, et treize ans après ma rééducation, je me suis totalement habituée à ma nouvelle voix. Je ne me souviens pas de ma voix d'avant. Quand je me lève le matin, la seule chose à laquelle je dois penser c'est au collier que je vais choisir pour cacher le trou dans ma gorge. Quand il m'arrive de réécouter un message laissé sur un répondeur, je me dis que je ne parle pas si mal que ça. Ma voix n'est pas très féminine, mais ma fille m'a fait remarquer que j'avais retrouvé mes intonations. Ça veut dire que c'est bien moi. D'ailleurs, il y avait au centre un autre patient, originaire de Corse. En retrouvant une voix, il avait aussi retrouvé son accent! 

Annie est bénévole au sein de l'Union des associations françaises des laryngectomisés et des mutilés de la voix (UAFLMV). 

 

Le plus étonnant, c'est qu'avant d'être opérée, j'étais une personne réservée. Vous ne m'auriez jamais fait parler devant un groupe de personnes inconnues comme je le fais aujourd'hui, en tant que bénévole. En plaisantant, je dis souvent que le chirurgien qui m'a opéré la gorge a dû me greffer en même temps quelque chose au cerveau... Car je suis bien plus bavarde qu'avant. 

Annie est bénévole au sein de l'Union des associations françaises des laryngectomisés et des mutilés de la voix (UAFLMV). 

 

Les plus lus

Opinions

La chronique de Robin Rivaton

Vue prise le 10 décembre 2009 sur un pont de l'autoroute A4 près de Saint-Maur-des-Fossés,
d'une camera vidéo de surveillance.

Robin Rivaton

La chronique de Sylvain Fort

"Un an. C'est le temps qu'il aura fallu à Sandrine Rousseau pour discréditer le féminisme, ridiculiser l'écologie et fracturer son parti, EELV", analyse notre chroniqueur Sylvain Fort.

Par Sylvain Fort

La chronique de Christophe Donner

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky lors de son discours télévisé,
à Kiev le 22 février 2022

Christophe Donner

La chronique de Frédéric Filloux

Les créateurs d'entreprises star de la tech ne font plus figure de modèle à suivre.

Frédéric Filloux

Comment parler sans cordes vocales ?

Après une laryngectomie totale, il faut développer un nouveau moyen de communication en raison de la perte des cordes vocales. Il existe 3 modes de communication généralement utilisés en rééducation vocale : le larynx artificiel, la voix œsophagienne et la prothèse trachéo-œsophagienne.

Est

"Si on enlève une corde vocale, il y a une partie qui "repousse" toute seule, il se fabrique une néo-corde. Et maintenant on injecte beaucoup de choses dans les petits bourrelets qui remplacent ou dans les cordes amputées.

Comment soigner une corde vocale paralysée ?

Elle peut être corrigée de plusieurs façons : Par des exercices orthophoniques, pour renforcer les muscles des cordes vocales ; Par une opération qui déplace vers le milieu la corde paralysée afin qu'elle entre en contact avec l'autre ; Par une technique plus récente : la réinnervation laryngée.

Comment réparer cordes vocales ?

Le miel est un allié des cordes vocales car il les lubrifie et les désinfecte en même temps. Faites bouillir pendant 5 minutes 1 cuillerée à soupe de miel dans 1 tasse d'eau. Laissez tiédir, avant de vous gargariser. À répéter plusieurs fois par jour.